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[Série technique] Le remplacement des menuiseries extérieures dans un projet de rénovation en copropriété

Publié le 06 March 2025

Lorsqu’une copropriété se lance dans un projet de rénovation énergétique, il est fréquent que le changement des fenêtres, aussi appelées menuiseries, soit réalisé. Cet article propose de revenir sur les bénéfices et les spécificités techniques et réglementaires de ce poste de travaux qui concerne à la fois les parties communes et privatives.

Les menuiseries : généralités

Quels sont les éléments qui composent une fenêtre ?

Avant d’évoquer le changement des menuiseries, il semble important de commencer par évoquer les différents éléments qui composent les fenêtres. Ces éléments seront évoqués tout au long de l’article.

 

Le schéma ci-dessous montre les éléments principaux qu’il est important de connaître dans une fenêtre :

 

  • Le dormant : il s’agit de la partie fixe de la fenêtre, de son cadre. Celui-ci est encastré dans le mur. Il est composé de parties verticales appelées « montants », et de parties horizontales appelées « traverses (hautes ou basses) ».

 

  • Les ouvrants (ou battant/vantail) sont les parties mobiles de la fenêtre : comme leur nom l’indique, ce sont les parties qui peuvent s’ouvrir. Ils sont séparés par le meneau central (ou battement). Les ouvrants comportent les vitrages qui sont les parties translucides laissant ainsi passer la lumière. Selon les fenêtres, on trouve le plus souvent du simple ou du double vitrage (triple vitrage également).

 

  • Les ouvrants sont fixés sur le dormant par des paumelles.
Schéma des éléments principaux constituant une fenêtre. © Agence Parisienne Climat

Quel choix de matériaux ?

Ces différents éléments peuvent être composés de différents matériaux. En effet, on trouve des fenêtres en PVC, en aluminium ou encore en bois. Il existe aussi des menuiseries dites « mixtes » avec du bois à l’intérieur, et de l’aluminium à l’extérieur.

 

On retrouve souvent des menuiseries en bois dans le bâti ancien, contrairement aux bâtiments plus récents dans lesquels on retrouve plutôt du PVC ou de l’aluminium.

Fenêtres en bois dans une copropriété du XIXe siècle rue de Bagnolet (20e arrondissement). © Entreprise DROP

Le changement des fenêtres pour diminuer les déperditions thermiques

Pourquoi la fenêtre est une source de déperdition thermique ?

Schématiquement, les menuiseries (fenêtres, portes, baies vitrées, etc.) représentent des trous dans la maçonnerie. Ainsi, elles peuvent faire l’objet :

 

  • De ponts thermiques importants au niveau de la jonction avec le mur ;

 

  • D’une rupture dans l’étanchéité du logement et donc d’infiltrations d’air parasite ;

 

Dans les immeubles anciens, les menuiseries sont d’autant moins étanches. Dans les immeubles plus récents, se pose la problématique des coffres de volets roulants non isolés situés à l’intérieur des logements qui font rentrer l’air froid en hiver.

 

  • D’une sensation de paroi froide importante

 

Le vitrage d’une fenêtre laisse passer le rayonnement solaire provenant de l’extérieur, ce qui permet un apport de chaleur gratuit en hiver. Cependant, il laisse également passer la chaleur provenant de l’intérieur du logement, notamment en hiver lorsque celui-ci est chauffé.

C’est pourquoi les immeubles des années 70 avec de grandes baies vitrées sont particulièrement concernés par la sensation de paroi froide à l’intérieur du logement créée par la température plus froide d’une surface que l’air ambiant.

Capture d'écran d'une caméra thermique montrant la chaleur émise par les fenêtres. Il s'agit de déperditions thermiques !

La capacité des fenêtres à laisser passer ces rayonnements se mesure via différentes unités physiques.

Comment mesurer la performance d'une fenêtre ?

Le coefficient de transmission thermique Uw

Le coefficient de transmission thermique Uw (en W/m².°C) correspond à la capacité de la fenêtre à laisser passer la chaleur, notamment en hiver. Plus la capacité de la fenêtre à laisser passer cette chaleur est élevée, moins la fenêtre est considérée comme étant isolante. Ainsi, les fenêtres les plus isolantes sont celles qui ont un Uw avec une faible valeur.

Par exemple, au 32 rue Cavendish dans le 19e arrondissement, les fenêtres en double vitrage qui ont été installées sur la façade possèdent un Uw < 1,7 W/m².°C. Elles sont donc plus performantes que les anciennes fenêtres en simple vitrage qui ont généralement un Uw allant jusqu’à 6 W/m².°C.

Le facteur solaire Sw

Le facteur solaire Sw permet d’expliciter la quantité d’énergie solaire qui va pouvoir traverser le vitrage. Celui-ci est compris entre 0 et 1. Autrement dit, il retranscrit quelle proportion de l’énergie solaire qui arrive sur le vitrage pourra entrer à l’intérieur d’un logement.

 

Cet indicateur est important et doit être pris en compte lors du choix des fenêtres : en fonction du climat dans lequel on se trouve et de l’exposition de la future fenêtre, il sera plus ou moins pertinent de faire entrer de l’énergie solaire en quantité.

Les mesures physiques permettant de connaître la performance thermique d'une fenêtre sont le Coefficient de conductivité thermique Uw et le Facteur solaire Sw. © Agence Qualité Construction

Classement Air Eau Vent

L’étanchéité des fenêtres à l’air, à l’eau et au vent est classée avec une note allant de 1 à 4 pour chaque type d’étanchéité :

 

  • Air : A1 à A4
  • Eau : E1 à E9
  • Vent : V1 à V4

 

Cela donne une note telle que : AxEyVz  qui est importante à prendre en compte si par exemple l’immeuble est particulièrement exposé à certaines conditions climatiques.

De nouvelles fenêtres pour une paroi mieux isolée !

Dans les immeubles anciens, on retrouve fréquemment du simple vitrage ou bien du double vitrage ancien. Dans les deux cas, il est important de remplacer ces anciennes menuiseries par de plus performantes.

Rappel sur la différence entre simple et double (ou triple) vitrage

Le simple vitrage, comme son nom l’indique, ne comporte qu’un seul verre. Cet élément est très peu isolant et laisse passer la chaleur (Uw élevé). Le double vitrage comporte deux verres qui sont séparés par un espace contenant généralement un gaz isolant appelé « argon ». Cela permet d’augmenter la capacité de la fenêtre à retenir la chaleur dans le logement, ce qui diminue ainsi son Uw.

L’épaisseur en millimètres du vitrage d’une fenêtre est décrite de la façon suivante :

 verre 1 – argon ou air – verre 2. Très souvent, on retrouve des fenêtres avec l’épaisseur suivante : 4 – 16 – 4 : on a des verres de 4mm d’épaisseur séparés par une lame d’argon (ou d’air plus rarement) de 16mm d’épaisseur.  

Les menuiseries modernes sont plus performantes thermiquement :

 

  • Au niveau du vitrage : double ou triple vitrage avec présence d’argon
  • Au niveau de l’étanchéité de leur dormant également : certaines menuiseries comportent des rupteurs de ponts thermiques.

Par exemple, au 16 allée de Fontainebleau dans le 19e arrondissement, les anciennes menuiseries ont été remplacées par des menuiseries double vitrage à isolation thermique renforcée (ITR) en aluminium.

L’épaisseur du vitrage est 6 – 18 – 4 : le double vitrage est ici asymétrique. Le fait d’avoir deux épaisseurs de verre différentes garantit un confort phonique plus important ! Au total, plus de 900 fenêtres ont été changées avec intégration de volets roulants.

Le changement des fenêtres : différentes techniques

Quels sont les différents types de pose/dépose de la fenêtre ?

En rénovation

La pose dite « en rénovation » consiste à conserver l’ancien dormant fixe : il faut poser la nouvelle fenêtre sur le dormant existant.

 

Le principal bénéfice de cette solution est le coût moins élevé. Cependant, elle nécessite de faire très attention à l’état du dormant actuel afin de maximiser la performance énergétique de l’opération.

 

Aussi, il faut noter que la surface vitrée va diminuer et donc la luminosité associée. En effet, si l’ancien dormant est gardé, il sera nécessaire de poser un nouveau dormant par-dessus. L’épaisseur totale du cadre de fenêtre sera donc plus importante et surface vitrée sera moindre.

 

Certaines copropriétés font le choix de garder l’ancien dormant. C’est notamment le cas de la copropriété du 37 boulevard de Charonne dans le 11e arrondissement qui a remplacé ses fenêtres par des menuiseries aluminium double vitrage 4 – 16 – 4, posées « en rénovation ».

A savoir : le fait de conserver l’ancien dormant limite le choix dans le positionnement de la fenêtre à son positionnement actuel.

La pose à neuf

La pose à neuf consiste au contraire à déposer l’entièreté de la fenêtre d’origine, y compris le dormant existant. Les bénéfices principaux de cette solution sont les suivants :

 

  • Performance énergétique plus élevée : si l’ancien dormant a des défauts d’étanchéité alors ces derniers seront éliminés car le dormant sera remplacé. Cela permet de bien reprendre l’isolation de celui-ci ;
  • Maximisation de la surface vitrée.

 

Cependant, la solution est plus coûteuse puisqu’elle nécessite de reprendre les finitions au niveau du mur, là où l’ancien dormant était placé.

Lorsque la pose est faite « à neuf », différentes manières de positionner les fenêtres sont possibles en fonction de : 

 

  • L’épaisseur du mur / du tableau de fenêtre (pour rappel, le tableau de fenêtre est l'espace dans lequel celle-ci est posée) ;
  • Si une isolation du mur est prévue ou non ;
  • Le cas échéant, quel type d’isolation. 

La copropriété 3 passage du Guesclin dans le 15e arrondissement a remplacé la totalité de ses fenêtres et de ses volets roulants. Ils ont opté pour une dépose totale de la fenêtre. Les nouvelles fenêtres ont un coefficient de capacité thermique de 1,4W/m².K.

Cas de figure 1 : la pose en applique intérieure

La pose en applique est une technique qui consiste à poser la fenêtre directement contre le mur (depuis l’intérieur du logement).

 

Ce type de pose est particulièrement adapté aux situations où : 

 

  • Le mur est fin (certains bâtiments anciens notamment) ;
  • L’isolation est intérieure (ITI).

 

En effet, le fait de venir poser la fenêtre directement contre le mur à l’intérieur du logement va laisser une certaine épaisseur de dormant qui pourra accueillir une isolation intérieure.

Cas de figure 2 : la pose en tunnel, sans isolation particulière

La pose en tunnel consiste à installer la menuiserie dans l’épaisseur du mur. Cela est possible lorsque le mur est suffisamment épais.

Cas de figure 3 : la pose en tunnel ou en "applique extérieure", dans le cas d'une isolation par l'extérieur

Lorsque l’on isole les murs par l’extérieur, les nouvelles fenêtres devront être posées soit en tunnel, soit en applique du côté extérieur du mur.

 

Le fait de poser la fenêtre en applique extérieure va créer une épaisseur au niveau du dormant qui pourra accueillir l’isolant extérieur.

Ici, sur la façade non recouverte d'enduit, on remarque que les fenêtres ont été posées en tunnel avant la mise en place de l'isolant. © Socateb

Ainsi, les différentes étapes seront les suivantes :

 

  1. Dépose totale des anciennes menuiseries
  2. Pose des nouvelles menuiseries à l’intérieur du tableau de fenêtre ou bien au niveau de l’extérieur du mur
  3. Pose des panneaux isolants autour des ouvertures, puis des tableaux de fenêtres

 

1. Dépose totale des anciennes menuiseries
Photo du chantier de la copropriété 3 passage du Gesclin dans le 15e arrondissement. © Agence Parisienne du Climat

Les dormants ont été complètement retirés afin de pouvoir remplcer complètement la fenêtre.

2. Pose des nouvelles menuiseries à l’intérieur du tableau de fenêtre ou bien au niveau de l’extérieur du mur
Photo du chantier de la copropriété 3 passage du Guesclin dans le 15e arrondissement. © Agence Parisienne du Climat

La nouvelle fenêtre est posée au niveau de l'extérieur du mur. 

3. Pose des panneaux isolants autour des ouvertures, puis dans les tableaux de fenêtres
Photo du chantier de la copropriété 3 passage du Guesclin dans le 15e arrondissement. © Agence Parisienne du Climat

L'isolant est posé après avoir remplacé les fenêtres !

Quelles sont les précautions à prendre lors du changement des fenêtres en cas de rénovation globale ?

S'assurer que les logements sont toujours bien ventilés

Le changement des menuiseries permet d’améliorer considérablement l’étanchéité à l’air des logements. Si la ventilation ne peut plus se faire naturellement via les bouches d’aération prévues à cet effet, notamment dans les bâtiments anciens. Il est donc très important de maintenir une ventilation, grâce à :

 

  • La mécanisation de la ventilation (mise en place d’une VMC simple ou double flux)

 

  • L’installation des entrées d’air dans les traverses hautes des fenêtres dans le cas d’une ventilation simple flux, pour permettre à l’air de rentrer naturellement. Ces entrées seront mieux dimensionnées que précédemment.

 

Ne pas prendre en compte la ventilation peut provoquer un mauvais renouvellement de l’air dans le logement et donc favoriser l’apparition de moisissures !

Retrouvez l’article technique sur la mécanisation de la ventilation.

Adapter les travaux en fonction de l'exposition de la façade

Les fenêtres laissent entrer le rayonnement solaire et sont donc une source d’apport de chaleur non négligeable en hiver : naturel et gratuit.

 

Des fenêtres exposées au nord perçoivent moins de rayonnement solaire.Par conséquent, l’apport d’énergie solaire sera moindre.  Il est donc recommandé de maximiser l’utilisation du double vitrage pour les façades orientées nord, ainsi que le facteur Sw afin de laisser entrer le plus de rayonnement solaire possible.

 

Cependant, en été, cet apport de rayonnement solaire peut devenir pénible, surtout en cas de fortes chaleurs et de difficulté à rafraîchir le logement, d’autant plus lorsque les fenêtres sont exposées au sud. Pour limiter les apports solaires en été et garantir un certain confort, il est utile d’utiliser des protections solaires ou des occultants.

Pour aller plus loin sur la question des occultants et des protections solaires, nous vous invitons à consulter les solutions suivantes référencées sur la plateforme Adaptaville :

 

 

Aussi, retrouvez notre article technique sur l’installation de volets roulants en copropriété.

Brise-soleil de type casquette, Paris 20e arrondissement. © Agence Parisienne du Climat

Spécificités réglementaires en copropriété : parties communes ou privatives ?

Le changement des fenêtres des parties communes (cages d’escalier par exemple) est un poste de travaux collectif qui se vote en AG à l’article 25 (majorité absolue).

 

Il est également possible d’imposer un changement de fenêtres privatives si cela est voté en AG : il s’agit de « travaux d’intérêt collectif réalisés sur les parties privatives » (Source : Travaux et majorités : Anil, obligations et droits du propriétaire).

La copropriété 32 rue Cavendish dans le 19e arrondissement a fait le choix de voter l’obligation de changer les fenêtres encore en simple vitrage pour du double vitrage, qu’il s’agisse de parties communes ou privatives.

Concernant les menuiseries privatives, il est possible de les changer individuellement, ou de faire un achat groupé de fenêtres qui se vote en AG. Cela est avantageux d’un point de vue économique et en termes de performance thermique si une grande partie de ces menuiseries n’ont pas été changées récemment.

Dans la copropriété du 5 rue de Cléry dans l’arrondissement de Paris Centre, les copropriétaires ont choisi les fenêtres qu’ils désiraient installer dans leurs logements. Au total, 11 modèles de fenêtres ont été choisis tout en respectant l’esthétique de la façade.

 

Dans la copropriété du 16 allée de Fontainebleau dans le 19e arrondissement, c’est le choix de l’achat groupé qui a été privilégié.

Aspects financiers

Le coût des fenêtres

Sans prendre en compte le coût de la main d’œuvre pour le changement des menuiseries, mais en se concentrant sur le coût de l’objet fenêtre, il est intéressant de constater que :

 

  • Le PVC est moins onéreux que l’aluminium ou le bois. Dans le cas des menuiseries coulissantes, c’est l’aluminium sera moins cher ;

 

  • Les dimensions standard et les petites tailles permettent de contenir le coût des fenêtres ;

 

  • Les grandes dimensions augmentent considérablement le coût d’une fenêtre.

 

Ces informations sont déduites d’une analyse de l’Observatoire CoachCopro en 2022 sur 30 devis établis entre 2009 et 2020 qui comprennent entre 10 et 200 fenêtres.

Des aides financières sont disponibles

Le changement des menuiseries en copropriété est éligible à certaines aides financières. Les aides seront différentes si vous réalisez des travaux :

 

  • À l’échelle de votre logement
  • À l’échelle de votre copropriété

 

Si vous souhaitez réaliser des travaux à l’échelle de votre copropriété, nous vous invitons à vous inscrire sur la plateforme CoachCopro afin de vous faire accompagner dans votre démarche par un conseiller ou une conseillère de votre Espace France Rénov’.